annexe — l'ordre social à finistelle
@ Stella'sae de Beauvallet
Date d'inscription : 07/12/2023
L’ordre social à Finistelle
La société finistelloise est très différente de la nôtre, et la lecture de ce qui va suivre rappelle qu’il est nécessaire de distinguer la fiction de la réalité, mais aussi d’être capable de ne pas faire preuve d’ethnocentrisme, soit de ne pas placer nos valeurs comme étant universelles. Finistelle est inspiré des sociétés de la Rome et de la Grèce Antique, et la plupart de ce qui est présenté ici est historiquement étayé. N’hésitez pas à demander la bibliographie si vous voulez en savoir plus sur le passé de nos civilisations.
Des classes sociales avant tout
Avec seulement 35 000 Cétos, les 200 000 saes de la cité pourraient se rebeller et prendre le pouvoir très facilement s’ils le souhaitaient. Ce serait pourtant méconnaître la nature même de l’ordre social de Finistelle, qui suppose l’inexistence d’une identité politique commune aux saes. Aucun sae ne se sent fraternel de ses saefradés (terme désignant l’amitié entre deux saes), parce qu’il est un sae. Au contraire, les saes, qu’ils viennent de l’aristocratie, des mines souterraines ou du ghetto des saes, se haïssent viscéralement entre eux, chacun défendant les intérêts de son milieu social.
Le Royaume de Finistelle, avant d’opposer les saes et les Cétos entre eux, oppose avant tout les classes sociales entre elles. Dans cet échiquier géant que constituent les relations politiques entre chaque Maison, les saes, intégrés au cœur de la famille nucléaire des citoyens, intègrent dans le même temps les codes de leur nouvelle et véritable famille, pour laquelle ils seront prêts à se battre jusqu’à la mort, pour l’amour de leur Maître ou le triomphe de la Maison qui leur a permis de vivre. Même hors des milieux brassant les Cétos et les saes, cette fierté se retrouve par exemple dans les Mines de Finistelle, où la haine à l’encontre des exterrois, ceux qui vivent hors des Mines, prévaut sur toute identité politique commune.
Autrement dit, l’expérience de l’esclavage n’a rien en commun qui permette de s’unir. Du sae des hautes-œuvres (ceux qui sont au contact avec un Maître) au sae des basses-œuvres (ceux qui vivent principalement sans contact intime avec un Maître), des familles aristocrates aux élevages les plus miteux, chaque sae appartient avant tout à une classe sociale dont il va intégrer les codes et qu’il aura à cœur de défendre pour maintenir l’équilibre de sa vie, cela expliquant l’inexistence d’une pensée abolitionniste à Finistelle.
Cette impossibilité de concevoir politiquement et philosophiquement l’abolitionnisme de l’esclavage est le résultat d’un ciment social savamment mis en place par la monarchie au fil des siècles :
Pour rappel, le Favori est l’esclave le plus proche d’un Céto. C’est le sae-Favori qui incarne l’extension de la citoyenneté d’un Maître, et qui fait que le Favori est, en quelque sorte, le prolongement de la personne du Céto qu’il sert. Il s’agit d’un statut particulier, codifié et reconnu par les lois de Finistelle, qui est différent de celui des autres saes. En effet, si chaque sae appartient à son Maître et en est la propriété, le Favori en est non seulement la propriété, mais le prolongement. Ainsi, le Favori peut s’exprimer au nom de son Maître, sa parole aura la même valeur que si son Céto venait de la prononcer, parce qu’il sera considéré que c’est le Céto en question qui a parlé à travers son Favori.
@ Stella'sae de Beauvallet
Date d'inscription : 07/12/2023
Le ciment de la société : le Favori
En effet, ce sont les Favoris qui incarnent le plus souvent la volonté de leur Maître auprès des autres saes. Ce sont eux qui prouvent aux autres esclaves que, bien qu’issus de la lignée d’Innocence, ils n’ont rien en commun entre eux. Dans une famille aristocrate, c’est au Favori qu’il échoie d’organiser la vie de la Maison. Il agit en qualité de majordome, et de référent suprême auprès des autres propriétés de la famille. Le Favori est, dans ces milieux, bien plus redouté que le Maître, qu’on ne croise finalement jamais.
En tant qu’extension de la citoyenneté du Maître, le Favori agit au nom de son propriétaire et par proxy, catalyse les frustrations et doléances de la Maison, en faisant à la fois un exutoire mais aussi un acteur-clef des institutions familiales finistelloises. À la fois pour les saes, qui se réfèrent à la parole de leur Favori, mais aussi pour les autres Cétos de la maison qui peuvent projeter sur le Favori, les rancœurs et espoirs qu’ils ont envers le chef de famille.
Comme exprimé précédemment, le monde des saes et le monde des Cétos sont deux univers très différents qui n’entrent en collision que par le trait d’union des Favoris et des situations contextuelles.
Autrement dit, les saes interagissent le plus souvent entre eux, et les Cétos interagissent le plus souvent entre eux.
Les Cétos, par exemple, ont tendance à penser que généralement, les saes qui se trouvent dans une pièce n’écoutent pas vraiment leurs conversations, ils ne font pas attention à eux, ils sont dans le décor, comme un meuble vivant qui se déplace et fait vivre la maison, l’endroit dans lequel ils sont.
Les saes, quant à eux, conçoivent mal l’existence des autres Cétos en règle générale, et projettent leurs frustrations et leurs colères sur les saes de compagnie / Favori des Cétos qu’ils détestent. Un moyen habile de ne jamais manquer de respect à un Céto, tout en pouvant détester librement quelqu’un. Il n’est donc pas rare que des saes se haïssent viscéralement entre eux par proxy à cause de l’attitude des Cétos. Habile…
@ Stella'sae de Beauvallet
Date d'inscription : 07/12/2023
Une éducation pourtant complémentaire
Dans ces conditions, il peut être difficile pour l’enfant citoyen et l’enfant esclave de bien trouver leur place dans la famille. Après tout, élever un jeune sae revient à élever un second enfant, et cela, la plupart des parents de Finistelle en ont conscience. Alors, afin d’apprendre à chacun sa place, si l’élevage n’a pas pu le faire avant, on aura tendance à parler sèchement et froidement au jeune sae, quand le jeune Céto, lui, recevra beaucoup d’amour, d’attention et de beaux jouets.
En fonction des moyens de la famille, le jeune sae ne mangera ni le même repas, ni aux mêmes heures. Il ne manquera de rien, mais dès son plus jeune âge, les punitions physiques seront fréquentes. Selon qu’il soit une simple propriété, il répondra de l’autorité du Favori de la maison ou de son Maître, et s’il est un Favori ou un sae de compagnie, il dormira avec son Maître, partageant toute son intimité. Dans le même temps, le sae devra recevoir les punitions de son Maître à sa place. Pris de sentimentalisme, le jeune Céto, Maître d’un esclave de compagnie, pourrait vouloir prendre la défense de son sae de compagnie. Or, c’est au sae de protéger son Maître et donc de recevoir la punition, et si le Maître veut protéger son esclave, alors il lui faudra être irréprochable. De cette discipline de fer naît souvent une complicité hors du commun, parce que les saes de compagnie partagent tout avec leur Maître : les rires, les douleurs, les peurs, et surtout les mêmes apprentissages de la vie. Certains feront exprès de perdre pour laisser leur Maître gagner, quand d’autres auront peut-être la liberté d’être meilleur et impitoyable. Chaque relation est unique mais répond dès lors à cette éducation complémentaire.
Éducation complémentaire qui se retrouve sur les bancs de pratiquement toutes les écoles, où les tables de deux élèves sont la norme : l’une pour le Céto, et l’une pour son futur Favori. Pourtant, jamais le sae ne sera interrogé à l’oral, jamais il ne recevra une deuxième feuille ou ne sera évalué par ses enseignants. Il devra tout apprendre seul, avec son Maître, au nom de son Maître, et pour la gloire de celui-ci. Les élèves les plus pauvres restent seuls à leur table et sont immensément jaloux de ne pas avoir de second cerveau pour les supplanter pendant les examens.
Quant aux autres saes, ils ne sont pas admis sur les bancs des écoles. L’éducation qu’ils reçoivent est soigneusement dispensée par les élevages avant achat, ou directement chapeautée par la famille elle-même, qui donnera à chaque propriété le strict minimum dont il aura besoin pour accomplir sa tâche. Ainsi, un prostitué de l’éphéborion apprendra dès son plus jeune âge les services sexuels et de charme à dispenser aux citoyens qui viendront fréquenter l’établissement, sans qu’on ne s’embarrasse de lui apprendre l’arithmétique ou l’alchimie.
@ Stella'sae de Beauvallet
Date d'inscription : 07/12/2023
Une hiérarchie des normes impitoyables
Bien qu’un esclave reste un esclave peu importe le contexte, l’esclave personnel du feu Roi de Finistelle Albéric III d’Amaryo, son Favori Sami’sae Amaryo, est infiniment plus supérieur socialement à toute une famille modeste de cordonnier.
Sans même parler de Favoris, les esclaves des Maisons Ducales, la noblesse de Finistelle, seront toujours regardés avec bien plus de déférence et d’admiration que n’importe quel autre Céto de sang populaire. Face à un sae issu de la noblesse, les Cétos de la populace baissent les yeux et les traitent avec respect. Si le tutoiement reste de rigueur, blesser ou brutaliser la propriété d’une famille plus puissante serait une grave offense à l’ordre social.
À titre d’anecdote, pour les plus motivés à jouer de façon réaliste au sein de notre forum, sachez d’ailleurs que tous les esclaves doivent s’adresser aux Cétos autres que leur Maître en employant l’expression « Monseigneur/Maseigneurie », à l’exception des esclaves des Maisons Ducales qui, eux, à moins qu’ils ne s’adressent à des Cétos issus des autres familles aristocrates, emploient l’expression « Monsieur/Madame » pour tous les autres Cétos de Finistelle.
Ce respect des classes sociales par-dessus le respect de la binarité Céto/sae est ce qui fera le sel des interactions sociales de notre communauté. En effet, et à plus d’un titre, certains saes sont comme des enfants intouchables, quand d’autres sont purement insignifiants. Que vous soyez cordonnier, soldat de la Garde Royale, ou un éminent alchimiste, soyez prudents des propriétés à qui vous vous adressez, et veillez à toujours défendre votre dû. Moins votre famille est puissante, et plus vos saes sont susceptibles de faire l’objet de vols, dégradations, voire d’exécutions sommaires, renforçant encore plus leur caractère précieux au plus bas de l’échelle sociale au vu de leur prix.
La position sociale d’un sae peut être déterminé à la fois par sa Marque, dont la complexité du blason de la Maison démontre la puissance, mais aussi par les armoiries qu’il porte sur ses vêtements, reflétant toujours le style bien particulier de la famille à laquelle il appartient. Veuillez noter que dans un contexte moyenâgeux, oublier les sceaux de sa Maison sur soi peut transformer n’importe quel aristocrate en roturier, avec toutes les conséquences délétères que cela peut amener. Pratique pour les sorties en toute discrétion, mais dangereux d’être au niveau de Monsieur-tout-le-monde.